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Vibrez Projet : Le retour sur les chantiers en période de Covid-19, avec Nicolas Cadrin, Directeur de projet Edyfic Construction

ParPMI-Montréal ,

6 minutes

 

Nous avons accueilli en entrevue, par téléconférence bien sûr, Monsieur Nicolas Cadrin ing. PMP, Directeur de projet pour Edyfic Construction pour les projets Alexander et EstWest de Devimco Immobilier sur le chantier de construction du vieil hôpital Childrens qui se transforme en quatre tours de condominiums et logements locatifs.

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Devimco a réussi à retenir tous ses employés lors de l’arrêt de travail et les équipes de projet ont pris ce temps pour mettre à jour les échéanciers et documents de projet. 

 

NICOLAS CADRIN : Toute l’équipe est en télétravail, on n'a pas arrêté et ce depuis le début!

ALIKI COURMANOPOULOS : C’est une opportunité de revenir sur des choses qu’on met de côté temporairement sur un projet lorsque ça va vite.

N : Exactement! Au niveau de la gestion, si on parle juste en termes de « gestionnaire » et j'enlève les livrables de l'échéancier et du budget qui vont être affectés, c'est vraiment une opportunité. C'est une occasion de prendre le temps de regarder qu'est-ce qu'on a reçu et qu’on avait mis de côté, de mettre à jour nos documents et nos systèmes en place, de standardiser si on a des méthodes de travail qui ne l’étaient pas encore. Refaire les organigrammes pour rendre le tout plus productif au retour, revoir les mesures de santé et sécurité dans certains cas et surtout pour le Covid, peaufiner tout l'échéancier et le nettoyer comme il faut, prendre le temps que nous n’avons pas toujours finalement! Donc prendre ce temps d’arrêt obligé pour passer au travers de notre arriérage est une bénédiction dans un sens. On n’a jamais assez d’heure d’en une journée pour tout faire quand les chantiers roulent à plein régime. Parfois, ça va tellement vite sur un chantier qu’on le sait que l'échéancier est là sur MS-Project, mais est-ce qu'on le suit toujours comme on l’avait prévu? Est-ce qu'on fait toutes les mises à jour? Pas nécessairement.

 

A : C'est la réalité dans tous les projets.

N : Edyfic existe depuis 4 ans, donc on est dans un processus de se créer notre standardisation qui nous est propre. On a énormément grandi comme entreprise grâce aux projets qu'on construit pour Devimco. On a énormément de magnifiques projets de construction sur la table et il faut toujours pousser nos limites pour se garder au top pour nos partenaires et nos investisseurs. Une bonne gestion amène de bons résultats en chantier.

 

A : Alors la pause vous a permis de mettre à jour et avancer dans vos processus. Lors du retour la semaine du 20 avril, comment est-ce que ceci vous a aidés à accueillir les travailleurs sur les chantiers ?

N : En effet, la pause nous a permis d’améliorer d’avantage nos processus de gestion. Pour ce qui est du retour en chantier, les gestionnaires sont retournés la semaine passée pour commencer à mettre les mesures de santé et sécurité en place exprès pour le COVID-19 et mettre notre chantier en état de recevoir les travailleurs lundi : les stations de lavage, une entrée unique pour canaliser les travailleurs à un endroit, des chemins de circulation, un plan de circulation fait en conséquence, les affiches, etc. Tout ça a été mis en place, on a rentré des masques, des lunettes de protection, des gants et autres.

 

A : Quel était l’esprit des équipes au retour ?

N : Ça s'est très bien passé, les gens étaient contents de revenir travailler. On sentait que les ouvriers étaient bien heureux, ils respectaient les consignes de santé et sécurité, de distanciation et ils prenaient tout ça très au sérieux. Ils ont vraiment le goût de travailler, ils sont contents de sortir de chez eux alors ça paraissait ce matin. Notre équipe de gestion était là en plus de nos surintendants et de nos agents de santé et sécurité pour aider. C'était une première journée bien réussie!

Tous les jours, on fait une rencontre en vidéoconférence. Nous avons formé un « Comité COVID » qui regroupe les employeurs de notre chantier présentement. Ceci nous permet de passer en revue la journée, de mettre à jour les communiqués et d’apprendre des situations de la journée et les améliorer si requis.

 

A : Est-ce que vous vous êtes basés sur l’expérience d’une autre compagnie qui avait déjà mis en place ce processus ou avez-vous dû tout créer à partir de zéro?

N : Non, ce qui est intéressant c'est que nous avons participé avec plusieurs associations de construction et quelques-uns des plus importants entrepreneurs généraux au Québec a des discussions de groupe pour monter des procédures qui serviront à l’industrie de la construction du Québec pour un retour au travail.

L'industrie s'est mobilisée pour assurer un retour le plus rapide et sécuritaire possible sur les chantiers. Ce sont des leçons apprises de toutes ces entreprises, de tous ces gens d'expérience qui ont fait en sorte qu'on a pu avoir des lignes directrices auxquelles nous avons apportés notre touche personnelle pour mettre ne place notre plan de SST-COVID chez Edyfic.

 

A : Selon vos premières impressions, est-ce que les processus mis en place étaient les bons ?

N : Les processus que nous avions avant l’arrêt des chantiers étaient déjà bons. À vrai dire, on les a améliorés pour permettre la réouverture. Par exemple, on avait installé des stations de lavage des mains manuelles avec un système de pompage d'eau avec des cruches, mais le pompage nécessite qu'on y touche, donc on les a remplacés par des robinets sans contact.

Nous avons adapté les horaires pour accueillir les travailleurs en les faisant commencer plus tôt et leur donnant des heures d’entrées en chantier différentes par sous-traitant.

Je vous dirais que les gens étaient satisfaits et se sentaient en sécurité avec les mesures en place. Certaines personnes auraient pu être tentées de ne pas respecter les consignes parce que ça aurait pu affecter la productivité du travail ou quoi que ce soit, mais ça n’a pas été le cas. Je tiens à le dire, tous nos partenaires sur le projet du Childrens pour Edyfic, ont collaboré à 100 % avec nous et on les remercie!

 

A : Dans une situation de construction, il faut penser à tous les endroits que les gens vont toucher. Pleins de points de contact durant la journée : les outils, les robinets, les poignées...

N : Oui, les escaliers pour monter, les toilettes de chantier aussi, les outils et matériaux, les aires de repos. Nous sommes comme une petite ville avec 130 travailleurs. C'est un petit nombre pour notre chantier puisque ce n'est qu’une tour sur quatre qui peut recommencer . Il faut penser qu'il va y avoir énormément d'interactions juste en se croisant dans les escaliers par exemple. C’est aussi un test pour quand toutes les tours vont reprendre avec près de 450 travailleurs par moment.

Certains travailleurs sont tout le temps dans des lieux où ils vont croiser des gens comme dans les corridors, la cage d'escalier ou autre. On s’est dit qu’on allait faire comme si les gens se croisaient tout le temps, donc qu’ils se trouveraient à moins de 2 mètres de distance et tout le monde a bien compris. On met 100 % des mesures en place pour ces gens pour ne pas prendre de risque. On va au-delà des attentes de la CNESST, on va s'assurer d'être conforme en tout point.

Le but c'est que les gens voient arriver l'équipe de gestion d'Edyfic, nos agents de santé et sécurité, et qu’ils veulent leur poser des questions plutôt que de les voir comme la police du chantier.

 

A : Si vous aviez un conseil à offrir à un gestionnaire de projet qui retourne peut-être au travail dans quelques semaines, ça serait quoi ?

N : Il y a un gros travail de coordination, de planification qui est à faire avant avec les équipes, les spécialistes en santé et sécurité. Il faut s’assurer que tout est en place et quasiment faire un dry run comme on a fait, faire entrer progressivement les équipes de chantier. Je pense que ça permettrait aussi à certains travailleurs qui arrivent sur le chantier de reprendre leurs repères. On avait pensé faire rentrer les 130 travailleurs la première journée lundi. Finalement, on était super content d'avoir fait un petit dry run lundi au lieu de commencer tout de suite. Le mardi, ç'a été apprécié. Les gens savaient où ils s'en allaient, les sous-traitants avaient des gens qui avaient déjà les notions de la veille qui pouvaient guider le reste de l'équipe. Ça s'est fait très calmement, dans la bonne humeur, puis je pense que ça a augmenté la productivité de la journée aussi.

 

A : Merci beaucoup, Monsieur Cadrin pour vos conseils. C’est certainement applicable dans différents contextes de projet. Voir cette période comme opportunité de mettre nos dossiers au propre, créer des connexions entre les organisations et bien planifier la rentrée, c’est la recommandation pour assurer le retour en confiance.

 

Vous avez une expérience de retour au travail à nous partager ? Communiquez avec notre directrice des communications, Aliki Courmanopoulos, communication@pmimontreal.org 

 

 


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