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Communiqué de presse

La gestion de projet dans un pays en développement

ParPMI-Montréal,

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Mais récemment ce sont les projets qu’il a mené en Haïti qui l’on poussé à remettre en questions quelque peu ses façons de faire. Une entrevue à lire ici :

Comment votre firme a été amenée à piloter la construction de deux hôpitaux en Haïti?

Michel Dubuc : Le projet de construction de l’Hôpital départemental des Gonaïves, dans le nord d’Haïti, s’est fait par un appel d’offres lancé par l’ACDI. Nous étions responsables de la programmation détaillée et de l'architecture, et nous avions fait un partenariat avec SNC-Lavalin pour l’ingénierie. Nous avons été choisis je pense en bonne partie parce que nous avions déjà commencé à travailler en Haïti et que notre partenaire SNC y était aussi présent. Après le séisme en 2010, je m'étaisrendu sur place pour comprendre comment notre firmepourrait appuyer les architectes haïtiens dans la reconstruction, qui s'annonçait titanesque.

L’autre projet, qui est en cours, est la reconstruction de l’Hôpital Saint Michel de Jacmel, dans le sud du pays. Il s’agit d’un petit campus hospitalier situé au centre-ville avec plusieurs bâtiments vétustes.  Le projet de reconstruction est divisé en deux parties et il est financé à la fois par la Croix-Rouge canadienne et par le Gouvernement japonais. Nous travaillons sur la section canadienne, en équipe avec l’architecte japonais afin d’harmoniser le programme des deux sections.

Comment exporter les compétences québécoises tout en s’appuyant sur les talents locaux?

MD : Là où nous pouvons aider, c’est en exportant ce que j’appellerais des outils de performance. Cela peut être un savoir en sciences de la construction, des connaissances en logiciels de dessins et logiciels de gestion de projet. C’est aussi de l’expertise en gestion de coûts et en structuration de projet.

Il s’agit tous d’outils avec lesquels nous on est familier, mais qui prennent plusieurs années à développer, et que l’on raffine dans le cadre de chaque projet. Et ça tu peux le faire seulement si tu as des projets et des mandats importants, ce qui n'est pas le cas en Haïti. C’est pourquoi je dis à des partenaires haïtiens : je vous donne accès à ces outils-là, je n’ai pas l’intention de les monnayer. Plus on peut vous appuyer pour relever le niveau de performance et pour transférer des connaissances, mieux c’est.

En parallèle, il faut développer une sensibilité culturelle. On peut exporter des outils de performance, mais quand il s'agit de concevoir des projets, il est indispensable d'articuler la vision du projet avec nos partenaires haïtiens. Les habitudes de vie en société  sont très différentes entre nos pays  et cela a un impact sur la conception des projets. Comme exportateur, il faut être à l’écoute.

Quelle expertise est particulièrement utile à apporter?

MD : Un des éléments majeurs que j’ai observé, c’est la gestion de projet, qui est capitale. Cela inclut l’ordonnancement du projet, le séquencement, les étapes, le calendrier et les budgets. En fait, c’est tout ce qui permet d’assurer que les conditions de départ et les conditions de fin de projet sont bien contrôlées. C’est probablement l’élément le plus névralgique.

Cela vous a amené à vous rendre souvent en Haïti ?

MD : Oui, j’y ai été une dizaine de fois par année, depuis deux ou trois ans. Mes collaborateurs s’y rendent aussi. Pour chaque projet, nous avons un ou deuxsuperviseurs de chantier à temps plein sur place. 

Pouvez-vous donner un exemple d’un impact de votre expérience haïtienne sur la pratique de votre firme ici?

MD : Nous avons ici un environnement qui est très paramétré, défini par un cadre légal, avec des conventions et des codes. Ce n’est pas le cas là-bas, comme dans d’autres  pays qui font face à un défi de développement. Alors, cela oblige à regarder toujours un petit peu au-dessus de son épaule pour voir ce qui s’en vient. Ça nous a éveillés davantage à la gestion de risques. On le faisait de façon intuitive ici, et il a fallu qu’on passe à une analyse de risques beaucoup plusstructurée.

Très souvent, lesnormes canadiennes avec lesquelles nous travaillonsne s’appliquent pas. Il faut donc leur trouver un équivalent. Le bénéfice de ça est que mes collaborateurs sont obligés de réfléchiraux fondements mêmes des normes utilisées au Canada pour les comprendre et éventuellement les interpréter dans un nouveau contexte. Ça nous sort de notre zone de confort et nous oblige à être encore plus critiques et vigilants.

*Michel Dubuc présentera une conférence intitulée « Ce que j’ai appris en Haïti » lors du Symposium du PMI-Montréal.

 


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