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Communication et grands projets

ParMicheline Bourque, Club de lecture Affaires,

0 minute

Qui est Valérie Lehmann?

Responsable scientifique de l’axe enjeux humains et défis de management à l’école de gestion de l’UQAM, Valérie Lehmann est également membre de la Chaire en gestion de projets. Elle s’intéresse aux interactions entre le projet et ses acteurs, à la gestion du changement, et à la gestion des équipes.

Les livres qu’elle nous présente sont les suivants :

  • « Communication et grands projets », 2013, ouvrage collectif, codirigé par Valérie Lehmann et Bernard Motulsky, et publié aux Presses de l’Université du Québec
  • « Le projet du projet, concevoir la ville contemporaine », 2014, par Jean-Jacques Terrin et all., aux Éditions Parenthèses

Pourquoi a-t-elle choisi ces deux livres?

Premièrement, il s’agit de livres récents, représentatifs du mouvement actuel en gestion de projets.

Deuxièmement, ce sont des ouvrages collectifs, écrits par des académiciens, des praticiens… offrant ainsi une diversité des points de vue.

« Communication et grands projets » codirigé avec Bernard Motulsky

Ce livre traite de sujets d’actualité, d’actualité socio-économique, de projets sociaux, d’études de cas… On n’y parle pas de communication interpersonnelle, mais des communications que l’on doit entretenir avec les parties prenantes dans un contexte de projet, comme les promoteurs, les citoyens…

À la lecture de la table des matières, on pourrait croire que ce livre permettrait au commun des mortels, au citoyen ordinaire, d’approfondir son analyse, son point de vue sur de grands enjeux publics afin de mieux comprendre comment ceux-ci sont communiqués. Pour sa part, Suzanne Leclair, juriste, qui a été témoin de l’entretien approuve car, à son avis, lorsqu’une cause est perdue, c’est souvent parce qu’il n’y avait pas de stratégie de communication pour soutenir l’argumentaire.

Valérie Lehmann dit qu’à ce moment-ci, et depuis quelques années, la communication ne suffit pas, on doit aller au-delà de la communication - en gestion de projet, en tout cas – il faut sortir des arguments. Elle explique : par exemple, dans le cas du projet du Cirque du Soleil avec le Casino de Montréal, ce n’est pas la communication qui a fait tout basculé, ni les citoyens du quartier qui ont joué un rôle, c’est un groupe de scientifiques et d’experts qui ont pris en charge cet enjeu et ont démontré la problématique.

Dans le livre, il y a un texte de Jean Savard, anciennement de la Ville de Montréal, qui a eu l’autorisation de traiter de l’instabilité sociale et des processus actuels utilisés, pour travailler avec les citoyens afin de rendre le projet acceptable (exemple de la construction d’un nouveau campus de l’Université de Montréal sur la gare de triage)

Il y a aussi des journalistes, des scientifiques et des consultants, ainsi que d’autres visions de chercheurs et de praticiens de la France, du Québec et de Belgique, créant une véritable mosaïque d’idées.

Valérie Lehmann affirme, concernant le rayonnement d’un livre comme celui-ci, que le plus important est de le faire avec la collaboration de plusieurs pays, cela donne forcément un rayonnement au livre. Aussi, le fait de rassembler des visions comme, par exemple dans le livre, celle de Michel Jébrak, titulaire de la Chaire en entrepreneuriat minier UQAT-UQÀM, sur la gestion des parties prenantes dans les mines.

Pour démontrer l’importance du sujet du livre, rien de mieux qu’un exemple concret. Elle nous confie qu’actuellement, avec Michel Jébrak, et d’autres collègues, elle participe à une recherche commanditée par l’Autorité des marchés financiers de Montréal, pour la création d’un indice de calcul de risque social pour les investisseurs dans les projets miniers. Sujet de recherche très intéressant pour Suzanne Leclair car elle représente très souvent les communautés autochtones dans le développement des grands chantiers.

Le projet du projet : Concevoir la ville contemporaine

Le 2e livre proposé par Valérie Lehmann, « Le projet du projet, concevoir la ville contemporaine », répond à son intérêt pour les grands projets urbains. Elle nous rappelle d’ailleurs que d’ici 2050, c’est 70% des gens qui vivront dans des métropoles… Déjà les pays asiatiques conçoivent la ville verticale, où, dans une tour de 100 étages, on reconstitue l’ensemble d’un quartier : parcs, loisirs, habitations, commerces, services…

Derrière les projets urbains, on a des promoteurs publics, des promoteurs privés, les citoyens, les associations, donc on a un ensemble de parties prenantes qui est assez complexe, et on se retrouve devant des situations où aujourd’hui, comme on la vue un petit peu avec la Ville de Montréal et les problèmes d’instabilité sociale pour le casino, on se rend compte qu’on ne peut plus faire des projets comme avant. 

Ce n’est pas un livre d’affaires mais c’est un livre qui doit intéresser les gestionnaires de projet parce que c’est une façon de dire : attention votre métier change.

Dans ce livre, Jean-Jacques Terrin mène le bal, mais il y a plein de petits textes, comme celui de Christophe Midler (L’épopée Logan), plein de petits encarts de textes qui sont de d’autres chercheurs ou de spécialistes, d’urbanistes…

Mais pour Micheline, lorsqu’elle parle d’un livre d’affaires, c’est au sens large, c’est qu’il peut intéresser un entrepreneur en apportant connaissances, apprentissage, lui permettant de mieux décider, de mieux se situer comme entrepreneur, de mieux comprendre les enjeux de la ville où il opère son entreprise…

« Le projet du projet, concevoir la ville contemporaine », s’intéresse en priorité à la conception des projets, parce que cela traite de la façon dont - aujourd’hui - on doit travailler avec les usagers pour se donner la chance d’avoir des projets réussis.

Derrière les livres que Valérie Lehmann nous a présenté, qui ne sont pas des livres d’affaires « classiques », il y a tout de même l’idée du projet réussi. Il y a des initiatives que l’on doit considérer pour faire des projets. Il y a aujourd’hui des phénomènes de financement participatif (crowdfunding). Pour illustrer cela, voici un autre exemple concret… En Allemagne il y avait des citoyens qui en avaient marre de contourner un viaduc, alors ils ont fait un « crowdfunding » pour construire une passerelle piétonnière et ont ainsi réglé leur problème. La ville a donné ses services spécialistes, ses sous-traitants; elle a facilité le processus. Les experts deviennent des facilitateurs pour les usagers. Comme dans les projets des éco-quartiers.

On parle aussi des principes de l’économie circulaire, de la vision circulaire de son projet, de l’échelle de temps, de l’échelle de développement durable, c’est-à-dire le fait de regarder comment - un produit ou un service - évoluera quand il ne sera plus en usage. Quand on construit, on pense à la fin, au recyclage.

Voilà un peu ce que raconte ce livre, avec des illustrations, des études de cas...

En conclusion, il faut aller au-delà du discours, et Valérie Lehmann nous rassure en témoignant qu’heureusement, dans certains domaines comme les télécoms, il y a déjà des normes précises dans l’utilisation de certains composants!

 

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